Comme promis, voici la suite de mon travail sur l'atelier d'écriture. Le texte commence à prendre de la longueur, aussi vais-je vous le présenter en plusieurs parties. La forme n'est pas encore finale et serait sujette à de nombreux ajustements. Mais je vous laisse juger de l'évolution de la chose.
Dans la vie, il faut faire des
choix. C’est ce qu’on m’a rabâché pendant les quinze années qu’ont duré ma
jeunesse. Alors des choix, j’en ai fait. Comme tous les enfants, j’avais
des rêves. Mais moi, j’ai décidé de les réaliser. Je voulais voyager, je
voulais être libre, je voulais vivre ma vie intensément.
Ce qu’on ne raconte pas aux
enfants, c’est qu’en choisissant ce chemin, on en voit de toutes les couleurs.
Pour le meilleur et pour le pire, vous traversez des périodes de bonheur
frénétique comme des déserts de platitude, parsemés çà et là de « vallées
de la mort » où tout n’est que
souffrance, torture et peine.
Je ne regrette rien. J’ai suivi
une voie qui demande un grand courage que je n’ai jamais perdu. J’ai traversé
des galères, mais j’ai vu des choses que bien peu de gens de mon âge veulent
même imaginer voir un jour.
Aujourd’hui je suis dans une de
ces périodes creuses. J’ai bien peu de sous et le confort est loin d’être mon
quotidien. Je dors dans un parc au bord de l’Hudson, quand je n’en suis pas
expulsé par un gardien zélé. Les levers de soleil sont magnifiques à Manhattan,
mais ils ne valent pas ceux du mont Kita au Japon. Je rêve de repartir à
l’aventure. Mais les billets pour la liberté sont chers. Et jouer du violon
dans la rue n’a jamais été la panacée. Alors je continue de rêver en attendant
de repartir.
Le regard des gens est cruel. Ils
m’appellent itinérant et m’observent à peine, toujours avec dédain. Je préfère
me dire artiste de rue. Ces gens sont des jaloux, plein de préjugés, qui n’ont
jamais saisi leur chance de vivre leurs rêves. Ils voient en moi une menace à
leur système si conventionnel. Je suis le pied fragile qui va faire s’effondrer
l’échafaudage et révéler toute l’imperfection de leur monde. Je suis là pour
leur rappeler qu’ils ont manqué le train. À leurs yeux, je suis un homeless. Moi je préfère artiste de rue.
Parfois c’est un peu dur, leur
regard me fait mal. Alors je ferme les yeux et je joue. Je ne pense plus à rien
et je me laisse emporter. Je joue avec mon cœur d’homme libre. Je raconte mes
voyages à travers ma musique. Je rêve…
« Est-ce que tu es un
chevalier ? »
J’ouvre les yeux et découvre une
fillette, plantée devant moi, qui m’observe sans retenue...
(To be continued...)