mardi 30 juillet 2013

Destinataire : MONTREAL, QC. CANADA



Rennes, le 30/07/13

Chère Montréal,
Voici bientôt huit mois que je t’ai quittée. Le temps passe si vite. J’ai l’impression que c’était hier que je parcourais tes rues pour la première fois, que je découvrais tes sons, tes odeurs, tes couleurs. L’impression que c’était seulement ce matin que je t’abandonnais pour retrouver ma famille et mes amis laissés de ce côté de l’Atlantique.
En venant à ta rencontre j’étais parti le cœur gros, conscient de ce que je laissais derrière moi, mais impatient de voir du pays, de vivre au rythme de tes festivals, de ta nightlife, de ton incessante activité. J’étais parti en connaissance de cause, mais je t’ai laissé dans la totale ignorance de ce que j’abandonnais à nouveau derrière moi. Et le retour à la réalité  fut terrifiant. Passé la surprise faite à mes proches pour mon retour, passé les joies de retrouver ma famille et mes amis, j’ai pris conscience de ce vide creusé en moi depuis mon décollage de Trudeau.
Incapable au début de le comprendre, j’ai peu à peu réussi à mettre des mots sur les maux qui me tourmentaient. En total décalage avec les gens qui m’entouraient, je découvrais brutalement le « spleen du voyageur », cet état de déphasage suivant le retour « à la maison ». Irrité en permanence par la mentalité française, je ne pouvais m’empêcher de me demander ce que je faisais là. Ayant perdu l’habitude d’échanger avec mes amis restés en France, je me suis enfermé dans mes souvenirs, leur reprochant même de m’avoir eux aussi oublié. Ces chers amis que je redoutais tant de laisser derrière moi avaient confirmé mes craintes. Me raccrochant tant bien que mal à ce que je pouvais, je me suis concentré sur ma famille, toujours présente quoiqu’il arrive.
La vérité s’est peu à peu imposée à moi. Ce n’était pas seulement la France qui me décevait, mais surtout toi, Montréal, et le Québec en général qui me manquait. Je me suis rendu compte que mon cœur s’était mis à battre au rythme de ta vie, à palpiter au son de tes accents si charmants, à s’emballer au gré des rencontres magiques que j’ai fait en ton sein.
Pensant emporter avec moi la source de mes joies canadiennes, j’ai accueilli en France ma « blonde » rencontré durant mon expérience outre-Atlantique. Notre histoire n’a pas duré. La faute à la France et sa mentalité qui ont dégoûté mon amie, la faute au moment qui était mal choisi aussi, la faute à pas de chance peut-être. La faute à moi aussi. Pas du tout serein dans mon cœur et mon âme, je n’ai pas offert un accueil des plus agréables à celle qui devait partager mes projets de l’année à venir. Elle est repartie, me laissant à nouveau seul avec mes tourments et plus convaincu que jamais que j’avais fait une erreur en revenant.
Le temps n’a pas refermé la plaie. Il a seulement mis de l’ordre dans ce capharnaüm qu’étaient devenues mes pensées. Une idée revenait avec insistance depuis trop longtemps pour que je l’ignore : Je veux TE retrouver. Je veux revenir à toi, Montréal. Je m’ennuie de toi, tout en toi me manque. Depuis tes rues à perte de vue, avec ses bars, ses restaurants aux mille saveurs, à tes habitants, avec leur accents, leurs étranges expressions que j’avais finalement fait miennes, leur accueil chaleureux, leur culture, leurs différence, leur tolérance. J’ai envie de me promener dans tes rues, d’aller faire un barbecue à Lafontaine, d’aller boire une bière avec mes « chums » à l’Abreuvoir, de partir en week-end dans un chalet au bord d’un lac, d’attendre le métro à Berry-UQAM, de manger une pointe de pizza à 2h du mat’ en rentrant d’un de ces bars de nuits qui tapissent tes rues, de vibrer au rythme de la musique de tes innombrables festivals. Si, il y a encore quelques temps, je pensais retrouver ma « blonde » perdue, en revenant te voir, aujourd’hui je sais que c’est vraiment toi qui me manques.
Depuis un certain temps déjà j’explore toutes les pistes menant à un retour. Certaines se sont définitivement refermées, d’autres sont encore chaudes et porteuses de mes plus grandes espérances. Patience est mère de sûreté m’a-t-on dit, aussi je vais prendre mon temps pour préparer au mieux ce retour. Mais comme ce temps sera long !
Montréal, je t’aime ! Laisse-moi revenir vers toi !